« Rwanda Classified » : miracle, les aveugles recouvrent la vue sur la tragédie rwandaise !

Par  Alain Léauthier / Marianne

Publié le 29/05/2024 à 17:02

Une enquête collective, coordonnée par le collectif Forbidden Stories, intitulée « Rwanda Classified », illustre et documente les agissements de Paul Kagamé à Kigali. Pourtant, parmi les 17 médias associés à l’investigation, ils sont nombreux à avoir jusqu’à présent manifesté toutes les pudeurs du monde à l’égard de l’autocrate du Rwanda, préférant même incriminer la France dans la tragédie rwandaise plutôt que le FPR.

« Les aveugles recouvrent la vue (…) et les sourds entendent » : ce bref mais célèbre passage tiré de l’Évangile selon Matthieu semble le plus approprié pour décrire l’étrange phénomène ayant frappé 17 médias et 50 journalistes ayant participé à une enquête collective sur le régime de Paul Kagamé, le satrape au pouvoir à Kigali.

Coordonnée par le collectif Forbidden Stories sous le titre générique Rwanda Classified, l’investigation en question documente longuement les « dérives de l’autocrate qui fascine l’Occident  », titre d’un des articles dus au quotidien Le Monde.

Il y a un an, au prétexte d’erreurs, son spécialiste de la tragédie rwandaise avait refusé de rendre compte du remarquable livre de la journaliste britannique Michela Wrong, Assassins sans frontières, autopsie particulièrement détaillée et rigoureuse du système totalitaire mis peu à peu en place par le Front patriotique rwandais (FPR) après sa victoire totale en 1994.

CHANGEMENT DE PIED

Lors de la promotion de son livre en France, Wrong, longtemps correspondante en Afrique pour divers titres avait d’ailleurs été « snobée » par la plupart des médias « mainstream » (Le Monde donc, Libération, la cellule investigation de Radio France, etc.), de longue date plus soucieux d’établir la responsabilité de la France dans le génocide que d’interroger celle du FPR de Kagamé avant, pendant et après la tragédie ayant coûté la vie à plusieurs centaines de milliers de Tutsis et Hutus modérés.

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Marianne avait choisi d’écouter et d’accorder de la place à Michela Wrong comme, avant elle, à la Canadienne Judith Rever ou à d’autres journalistes, chercheurs et universitaires régulièrement accusés de « négationnisme. »

SANS TABOU

Raison d’une telle infamie ? Avoir simplement exercé leur esprit critique pour analyser étudier et rendre compte d’une séquence historique particulièrement complexe et loin d’avoir livré toutes ses vérités. Malgré les insultes ou le silence entretenu sur certaines révélations, notre journal s’est toujours efforcé de faire ce travail. Sans tabou mais sans jamais prétendre absolument tout maîtriser en permanence.

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Qui pourrait d’ailleurs le revendiquer alors même que le système Kagamé repose sur un absolu manque de transparence et pourchasse, quelquefois jusqu’à l’élimination, les anciens camarades de combat passés dans l’opposition et la résistance.

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Rwanda Classified va évidemment dans le bon sens et aura peut-être comme première conséquence positive de conforter ceux de nos confrères que Kigali a tenté de discréditer quand ils ne les ont pas menacés. Il était temps…